Sécurité, confiance, miséricorde : ce que la distinction for interne, for externe développe.

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Sécurité
Face aux abus de toutes sortes, spirituels, physiques, psychologiques, la distinction for interne, for externe est un gage de sécurité, notamment pour les enfants, les plus jeunes, les plus démunis. Les drames contemporains de dérives sectaires et sexuelles, souvent doublées de dérives financières bien sûr, entraînent aussi de saines réflexions sur les dérives sectaires et le droit canon. Pourquoi parler ici de sécurité et de séparation/disctinction/articulation du for interne et du for externe? Parce que la sécurité est l'étape numero un de toute confiance. Aujourd'hui, on (re)met en confiance en ommettant et/ou supprimant les fondements de la sécurité, laquelle est elle-même fondée sur la prudence.

Que faut-il pour qu'un petit, un enfant, un subordonné ( sans connotation négative, par exemple en entreprise), se sache en sécurité. Non pas se sente, mais se sache objectivement en sécurité? Il lui faut l'assurance que sa liberté et son intimité seront respectées, et le vocabulaire courant ne s'y trompe pas, quand il dit " inviolables". 

Avant de rétablir la confiance quand elle a été perdue, il faut rétablir la sécurité par la prudence. Exemple contemporain : ne pas laisser un enfant seul dans un milieu à risque. Ne pas laisser le milieu à risque se développer et isoler ce milieu à risque, avec des règles strictes. Pour cela, apprendre à gérer le for externe, c'est-à-dire tout ce qui relève de notre sphère publique. Le sécurité au for externe, c'est une information claire, être prévenu des dangers. Comparable à un code de la route, le for externe concerne en premier la sécurité physique, et va influer sur la sécurité psychologique et spirituelle. 

Face aux affaires d'abus de toutes sortes, la sécurité doit être traitée au for externe. C'est là que l'affectivité doit être recadrée et formée en premier lieu. Prenons l'analogie du pyromane, et chacun comprendra et transposera : si je découvre un pyromane dans mon entourage familial, professionnel, amical, spirituel, je pense d'abord, avec bon sens, à la sécurité, et l'affectif ( le for interne) ne doit pas remettre en cause les décisions de sécurité. Sinon, l'affectif devient cause de non assistance à personne en danger, ou d'injustice ( lynchage avant vérification des faits, version Far West sauvage et aujourd'hui médiatique). Traiter toute affaire au for externe en premier lieu relève tout simplement de la plus élémentaire prudence, cette vertu tant oubliée.

Confiance au for externe et au for interne.
Donc, il faut d'abord enlever les allumettes, isoler le pyromane de tout contact au for externe avec ce qui le rend dangereux. Et si le pyromane est un parent, un ami, un conseiller spirituel, un prêtre, un Yogi, votre banquier, peut importe, les règles de sécurité s'appliquent immédiatement au for externe, même si au for interne, en confidence et dans le cercle des relations personnelles, l'affectivité me déstabilise et voudrait me parler d'abord de confiance, de pardon et de miséricorde, ou bien de vengeance, de colère, de justice. 

La confiance ne reviendra qu'avec la sécurité, et on pourra parler de miséricorde uniquement une fois le mal neutralisé au for interne comme au for externe. Mais si celui qui applique les règles de sécurité au for externe, dans la sphère publique, dans une structure sociale ou religieuse, est aussi au for interne fortement lié avec le pyromane, le coupable, le criminel, il doit séparer rigoureusement le for externe de la responsabilité, qui implique sécurité publique, et le for interne du jugement et de l'appréciation privée, subjective des faits

Miséricorde et objectivité
Ainsi, un évêque qui doit juger un prêtre criminel, même s'ils sont de bons amis depuis 30 ans, doit éviter de se mettre dans une relation au for interne : jamais père spirituel " individuellement" des prêtres de son diocèse ( fonction qui doit impérativement tenue par un autre dépourvu de toute fonction hiérarchique pour une liberté totale des deux côtés, évêque et prêtre),  jamais confesseur de ses prêtres, il ne doit les connaître qu'au for externe. Cela ne signifie pas ne pas les connaître de façon profonde et personnelle et amicale et fraternelle, mais cela signifie qu'en cas de trahison du sacerdoce, en cas de criminalité, seul le for externe influencera les décisions, lesquelles seront remises à des instances autonomes ( tribunal ecclésiastique extérieur au diocèse, par exemple, les cas relevant de Delicta Graviora, traités à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.) Sur ce point, l'obéissance à la tolérance zéro promue par les papes est LE point de discernement des responsabilités. Tenter imprudemment d'autres voies, comme des thérapies incertaines, mène au désastre et à la récidive si on désobéit aux principes de prudence et de sécurité. Notamment, en cas de Delicta Graviora, les prêtres pervers sont suspens a divinis : tout droit sacerdotal, tout ministère, leur est retiré. Pas seulement en partie, mais totalement, par mesure de prudence absolue.

Cette juste séparation du for interne ( ce que je sais par confidence, intimement) et du for externe ( ce que l'on sait publiquement et par des faits avérés et prouvés), permet justice et miséricorde et rétablit la confiance et la sécurité de tous grâce à un jugement objectif et libre. Cette sagesse est condensée dans le canon 130 du code de droit canon : celui qui gouverne au for externe n'exerce le pouvoir de gouvernement qu'au for externe seul. Parfois, il peut exercer le pourvoir de gouvernement au for interne seul. Ce qui signifie qu'il ne doit pas cumuler les deux fors. Cette sagesse évite les manipulations entre les deux fors et permet un discernement et des décisions objectives.

Par conséquence, cette sagesse empêche aussi et évite la manipulation affective dont les gourous et les criminels pervers ( nous ne parlons bien sûr plus des pyromanes) sont les maîtres : manipulation des faits, des propos, de l'affectivité, de la volonté de sauver, etc....

Les manipulateurs pervers, les gourous, les menteurs, sont bloqués par la séparation et la juste coordination du for interne et du for externe, source de grande sécurité pour tous, c'est une des ressources puissantes et trop ignorées du droit canon, qui a pourtant mis cette juste coordination des deux fors comme principe fondamental de révision du code de droit canon en 1983, aboutissement d'une expérience séculaire. Ce principe du canon 130 entraîne une sécurité plus grande, une confiance rétablie, une miséricorde et un pardon rendus possibles grâce à un discernement fondé sur la vérité.

AC