Différents états de vie, identifiez-vous!

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Droit canon Famille spirituelle

11) : vocation et états de vie consacrée, identité des différents états de vie.

Vous avez dit " vocation" ? Cette rubrique veut aider à la réflexion et au discernement, sous la protection de Saint Joseph, qui en étant chef de la Sainte Famille, protégea toutes les vocations résumées en elle.

Que demander et comment le demander en ce qui concerne les vocations? Qu'est-ce qu'une vocation...Comment discerner si on est " atteint par le mystérieux virus vocation" ? Réflexions à partir des messages des papes pour la Journée mondiale des Vocations et de textes apostoliques. La vocation...enfin expliquée par les Papes ! Aux sources de la pastorale des vocations, les messages des Journées mondiales de prière pour les Vocations, enfin accessibles, une mine pour comprendre, discerner, encourager, ou tout simplement retrouver le "premier amour" !

Commençons par la base commune à chacun : le baptême!
Différents états de vie, identifiez-vous!
Nous avons déjà présenté la base de toute vocation chrétienne, présentée par les papes et le Concile Vatican II : l'appel universel à la Sainteté. Les chemins de réalisation concrète de cet appel personnel sont uniques pour chacun, fort heureusement, il n'est pas besoin de copier les saints de façon événementielle, nous n'y arriverions évidemment pas. C'est là qu'intervient la " petite voie" de Thérèse de lisieux, avec ce rassurant constat : ce n'est pas dans l'extraordinaire que se situe la sainteté même si l'extraordinaire fait partie du chemin de certains saints, mais dans l'accomplissement quotidien de la volonté de Dieu.
Notre réflexion aujourd'hui portera plus sur la confusion entre " appel à la sainteté", " vocation universelle à la sainteté", " consécration baptismale", " vie consacrée" et " état de vie" ( mariage, célibat). C'est un essai de clarification qui peut aider à discerner.
Il est bien entendu que la base commune à chacun est le baptême, entrée dans la vie chrétienne et réponse première de chacun à cet appel à la sainteté : " Soyez saint comme moi-même Je suis saint". La vie ordinaire chrétienne suffit à la sanctification, par les sacrements, gestes du Christ qui nous sanctifient.
Tout est là! Mais alors, pourquoi tant de dévotions particulières et d'ajouts variés, puisque cela suffit ? Tout le reste est en réalité une " floraison" du baptême et des sacrements, une mise en application suscitée par l'Esprit Saint et vérifiée par la sagesse de l'Eglise.

Consécration baptismale et consécrations diverses : dévotions, consécration au Sacré Coeur, consécration à Jésus par Marie.
Paray le monial, chapelle du père de la Colombière, vision de ste Marguerite Marie demandant la fête du Sacré Coeur
Paray le monial, chapelle du père de la Colombière, vision de ste Marguerite Marie demandant la fête du Sacré Coeur
Le terme "consécration" désigne tout d'abord l'appartenance au Christ, l'Oint, le Messie. Le baptême nous consacre à la Sainte Trinité, en nous faisant entrer dans le mystère de la sainteté divine. De là viennent toutes les dévotions d'ordre privée,( cf article du cardinal Ratzinger sur le lieu théologique des révélations privées) qui ne font que déployer le mystère de cette appartenance. Ainsi, la consécration d'une personne, d'une famille, d'un groupe, d'une nation, du monde au Sacré Coeur, où à Jésus par Marie selon la consécration introduite par Saint Louis Marie Grignion de Montfort, ces consécrations sont des initiatives divines reçues et transmises à l'Eglise souvent par des saintes ( Sainte Marguerite Marie Alacquoque), ou des saints ( Saint L. Grignion de Montfort).

Ne pas confondre consécration issue de dévotion privée et consécration dans un état de vie!



Ce type de consécration ne désigne pas la vie consacrée mais renforce l'appel universel à la sainteté. Consécration " transversale" en quelque sorte, qui peut aider à la sanctification de tous les états de vie : sacerdoce, mariage, célibat consacré. Se consacrer par exemple en famille au Sacré Coeur est source de grâce et correspond à une demande du Seigneur. Cependant du point de vue de notre réflexion, il est important de noter que cela ne fait pas entrer dans un " état de vie consacrée", lequel se caractérise par le célibat pour le Royaume et un lien sacré canonique.

On voit des familles qui cherchent un mode de vie plus saint, plus donné, et se consacrent ainsi. Cela ne les engage qu'à ce qui est contenu dans leur propre état de vie laïc, vécu dans le mariage, où l'on peut amplement se sanctifier, l'engagement pris dans une consécration au Sacré Coeur venant déployer plus encore la grâce du mariage. Il en est de même pour des célibataires ou des consacrés : cette dévotion viendra comme une aide précieuse à la sanctification de leur état de vie, mais ne consiste pas en soi une consécration sous la forme d'une " vie consacrée selon les trois conseils" et ne les lie pas de la même manière, les exigences n'étant pas du même ordre.

Consécration dans un état de vie : qu'est-ce que c'est? " Expliquer l'identité des différents états de vie" JP II
Différents états de vie, identifiez-vous!
 Tous les "états de vie ", il faudrait dire " modes de vie chrétienne" mènent à la sainteté, il faut trouver le sien propre et répondre à son appel propre. C'est ce qu'on appelle communément la " vocation".
Il y aura la vocation au mariage : se sanctifier passe alors par le sacrement du mariage. L'état de vie reste l'état de vie laïque. Courage, encore un peu de vocabulaire : on appelle fidèles tous les baptisés. Ensuite, on distingue les clercs ( diaconat et sacerdoce appelés ministres sacrés) et les fidèles laïcs ( les non-clercs ), les fidèles consacrés ( non mariés, non clercs, consacrés à Dieu par les trois voeux ou par d'autres liens sacrés, selon le droit canon au canon 207) se répartissant entre les clercs et les laïcs.

"En effet, si le Concile Vatican II a souligné la grande réalité de la communion ecclésiale où convergent tous les dons en vue de la construction du Corps du Christ et de la mission de l'Église dans le monde, au cours de ces dernières années, il a paru nécessaire de mieux expliquer l'identité des différents états de vie, leur vocation et leur mission spécifique dans l'Église. Dans l'Église, en effet, la communion n'est pas uniformité, mais elle est un don de l'Esprit qui passe à travers la variété des charismes et des états de vie. Ceux-ci seront d'autant plus utiles à l'Église et à sa mission que l'on respectera davantage leur identité. De fait, tout don de l'Esprit est accordé afin qu'on le fasse fructifier pour le Seigneur,dans le progrès de la fraternité et l'avancée de la mission." ( Vita Consecrata, 4)

Les états de vie dans l'Eglise ne recouvrent pas la notion de formes de vie consacrée. Le vocabulaire est assez fluctuant, nous proposons donc pour s'y retrouver la définition suivante de Lumen Gentium :

Sous le nom de laïcs, on entend ici tous les fidèles, en dehors des membres de l’ordre sacré et de l’état religieux reconnu dans l’Église LG 31 

Par déduction, on peut définir comme état de vie : les laïcs, l'ordre sacré, l'état religieux.

La vie consacrée n'est donc pas un état de vie : seul l'état religieux en est un selon le concile. C'est pourquoi nous parlerons de formes de vie consacrée, et non pas d'état de vie consacrée, ce qui entraîne une confusion entre les laïcs engagés au Célibat pour le Royaume, les Instituts séculiers et les Religieux. Les laïcs engagés au Célibat pour le Royaume n'entrent pas dans un nouvel état de vie, ils demeurent des laïcs. L'état de vie des membres des Instituts séculiers par exemple est bien l'état de vie laïc. 

La sagesse de l'Eglise dans le discernement des formes de vie consacrée : un peu de droit canon ne fait pas de mal!


Et oui,  il y a les vocations à la vie consacrée. Les terminologies sont extrêmement variées et souvent on ignore les réalités multiples de formes de vie consacrée. C'est pour cette raison que le pape Jean-Paul II a écrit une encyclique sur le sujet : VITA CONSECRATA.
Le titre même constitue une clarification importante : sous ce vocable de vie consacrée entrent les religieux et religieuses ( vocation religieuse avec les trois voeux) ,les membres de sociétés de vie apostolique, les membres des instituts séculiers ( laïcs hommes et femmes vivant selon les voeux propres aux Instituts séculiers, vocation consacrée séculière), les Vierges Consacrées ( vocation de vie consacrée séculière avec propos de virginité reçu par l'évêque au cours d'un rite liturgique de consécration,) les veuves consacrées, les ermites. Nous citons le pape Jean-Paul II dans Vita Consecrata, (paragraphe 2). Tous ces groupes de consacrés appartiennent aux trois états de vie définis par Lumen Gentium, certains sont religieux, d'autres prêtres ( en instituts séculiers), d'autres laïcs. 

  "Ensemble, nous rendons grâce à Dieu pour les Ordres et les Instituts qui s'adonnent à la contemplation et aux œuvres d'apostolat, pour les Sociétés de vie apostolique, pour les Instituts séculiers et pour d'autres groupes de consacrés, de même que pour tous ceux qui, dans le secret de leur cœur, se donnent à Dieu par une consécration spéciale."

Diverses manières de vivre le célibat consacré en Eglise.
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Le point commun de toutes les formes  de vie consacrée est un lien sacré canonique, c'est-à-dire ratifié publiquement par l'Eglise : l'engagement à ne pas se marier mais à se consacrer au Christ dans le célibat s'appelle Célibat Apostolique quand il ne comporte pas de lien sacré ratifié par l'Eglise, et Célibat Consacré quand il comprend un lien sacré  comportant les trois conseils ensemble. 

Quand le lien sacré ne comporte qu'un conseil, comme c'est le cas du propositum des Vierges Consacrées, il s'agit d'une forme de Célibat pour le Royaume,  apostolique et laïc. Les Vierges Consacrées sont des célibataires pour le Royaume vivant en plein monde, sans professer les deux autres conseils. Elles ont cependant en commun avec la vie consacrée la sponsalité qui est au coeur de leur vocation virginale. Cela les met à la charnière du Célibat pour le Royaume de forme apostolique et du Célibat consacré. Cette vocation "charnière" fait partie de leur " proprium" et de leur particularité, pleinement sponsale et pleinement laïque.

"En réalité, la vie consacrée est placée au cœur même de l'Église comme un élément décisif pour sa mission, puisqu'elle « fait comprendre la nature intime de la vocation chrétienne »et la tension de toute l'Église-Épouse vers l'union avec l'unique Époux. "
( Vita Consecrata 3)


Le droit canon reconnait ces formes de vie consacrée car elles ont longuement été vérifiées par la sagesse de l'Eglise. Vie communautaire ou vie solitaire, vie contemplative ou vie apostolique, voeux religieuxde pauvreté, chasteté, obéissance, liens sacrés ( engagement dans les sociétés de vie apostolique selon l'esprit des voeux, engagement ou voeux dans les instituts séculiers, propositum des Vierges Consacrées)...

Citons par exemple la définition donnée des Vierges Consacrées par Vita Consecrata ( 7), L'Ordo Virginum étant une forme de vie consacrée séculière ( laïque) et non pas religieuse. Les Vierges Consacrées ne quittent pas le monde comme les Religieuses mais vivent un célibat consacré  en restant complètement dans le monde et dans la vie ordinaire des baptisés. Elles ne changent pas d'état de vie.

"C'est un motif de joie et d'espérance que de voir à notre époque le retour de l'antique ordre des vierges, dont nous avons trace dans les communautés chrétiennes depuis les temps apostoliques. Les vierges consacrées par l'Évêque diocésain entrent dans une relation étroite avec l'Église et elles se mettent à son service, tout en restant dans le monde. Seules ou associées, elles constituent une image eschatologique de l'Épouse céleste et de la vie future, dans laquelle l'Église vivra finalement en plénitude l'amour pour le Christ son Époux."


La sagesse du droit canon a permis de vérifier au cours des siècles le mode de gouvernement des communautés, la stabilité des formes de vie consacrées solitaires dans le monde ( Vierges consacrées, veuves consacrées, ermites). Ainsi, les consacré(e)s sont protégés par cette expérience acquise au cours des siècles.

La dernière forme de vie consacrée longuement mûri et reçue en 1947 par l'Eglise fut celle des laïcs des instituts séculiers, dont la forme de vie comprend des voeux ( qui ne sont pas les voeux des Religieux, car les voeux des religieux opèrent une separation du monde, ce qui n'est pas le cas des voeux des Instituts séculiers) , vivant dans le monde.( Instituts féminins et masculins, mais jamais mixtes sous le même toit).  Leur vocation séculière, c'est-à-dire dans le monde, les différencie nettement des religieux et religieuses et fait d'eux de véritables laïcs consacrés : laïcs par le mode de vie séculier, donc dans le monde, et  consacrés par les liens sacrés qui leur sont propres. Nous donnons ici la définition exacte extraite une fois encore de Vita Consecrata (10) "On pense d'abord aux Instituts séculiers, dont les membres entendent vivre la consécration à Dieu dans le monde par la profession des conseils évangéliques dans le cadre des structures temporelles, pour être ainsi levain de la sagesse et témoins de la grâce à l'intérieur de la vie culturelle, économique et politique. Par la synthèse de la vie séculière et de la consécration qui leur est propre, ils entendent introduire dans la société les énergies nouvelles du Règne du Christ, en cherchant à transfigurer le monde de l'intérieur par la force des Béatitudes. De cette façon, tandis que leur totale appartenance à Dieu les consacre pleinement à son service, leur activité dans les conditions laïques ordinaires aide, sous l'action de l'Esprit, à donner une âme évangélique aux réalités séculières. Les Instituts séculiers contribuent ainsi à assurer à l'Église, selon le caractère propre de chaque Institut, une présence efficace dans la société. "

Les communautés nouvelles qui tentent des expériences de vie consacrée doivent s'inspirer de cet autre passage de Vita Consecrata :

Si, d'une part, il faut se réjouir de l'action de l'Esprit, il est nécessaire, d'autre part, de procéder au discernement des charismes. Pour que l'on puisse parler de vie consacrée, le principe fondamental est que les traits spécifiques des nouvelles communautés et formes de vie apparaissent fondés sur les éléments théologiques et canoniques essentiels, qui sont le propre de la vie consacrée. Ce discernement est nécessaire tant au niveau local qu'au niveau universel, en vue d'une obéissance commune à l'unique Esprit. Dans chaque diocèse, l'Évêque examinera l'orthodoxie et le témoignage de vie des fondateurs et des fondatrices de ces communautés, leur spiritualité, la sensibilité ecclésiale dans la réalisation de leur mission, les méthodes de formation et les modes d'entrée dans la communauté; il évaluera avec sagesse les faiblesses éventuelles, en attendant avec patience la preuve des fruits (cf. Mt 7,16), pour pouvoir reconnaître l'authenticité du charisme. De manière particulière, il lui est demandé d'établir, à la lumière de critères clairs, l'idonéité de ceux qui, dans ces communautés, demandent à accéder aux Ordres sacrés.

La vie consacrée offre donc deux possibilités : la consécration religieuse en communauté, congrégation ou société de vie apostolique, avec les voeux ou l'esprit des voeux, ou bien la consécration séculière dans le monde, en institut séculier, ou bien dans l'Ordre des Vierges. La vie consacrée religieuse implique la vie communautaire et fraternelle quotidienne sous le même toit, la vie consacrée séculière ne comporte pas obligatoirement de vie communautaire quotidienne sous le même toit. La vocation dans l'Ordre des Vierges est une vocation individuelle.

Par nature, dès que l'on a une vie communautaire, la structuration de la vie communautaire et de l'exercice de l'autorité indispensable à l'organisation communautaire, oriente vers la sagesse des constitutions religieuses ou de statuts bien étudiés, sinon on court le risque des dérives et abus dû à l'absence de structure, notamment dans l'obéissance, le respect du for interne et du for externe, la justice dans la répartition des tâches, etc.
 

Comment choisir dans tout cela?
Ah, voilà la question? le discernement d'une vocation est une oeuvre de l'Esprit Saint, conjointement avec..l'interessé et l'Eglise. Mais une des premières choses à faire, lorsque le désir naît d'une vocation, est de se former, de s'informer, de se renseigner, d'observer, de demander! Choses que l'on fait tout naturellement pour un mariage.

La Vie consacrée offre un vaste champ de possibilités et de bonheur. Elle n'est pas uniforme mais multiforme, le choix demande donc une maturation et une profonde connaissance de ce que dit l'Eglise. Combien se sont engagés sans avoir lu VITA CONSECRATA, sans avoir d'idée précise du type de consécration ( voeux, voeux publics, voeux privés, engagement, liens sacrés), sans savoir tous ce qui existe et leur correspondrait peut-être mieux, sans connaître les constitutions ( ou l'absence de constitutions!) des congrégations religieuses contemplatives, apostoliques, des communautés dites " nouvelles", sans avoir idée de ce trésor qu'est le droit canon.
Enfin, les formes de vie consacrée reconnues et encouragées par l'Eglise, soutenues par le droit canon, consolidées par la sainteté des fondateurs et les relations précises et obéissantes à l'Eglise ne manquent pas.

Et enfin, il est bon, et très important de lire les lettres des Papes pour la Journée Mondiale des Vocations, lettres que nous mettons sur ce site et dont le contenu est une profonde lumière et un profond encouragement!

Le précieux secours et la grâce des familles spirituelles.
Il nous reste à parler de quelques critères de discernements pour le choix d'un état de vie :
-prier!!!
-prendre conseil auprès d'un accompagnateur spirituel.
-s'adresser aux services des vocations des diocèses.
-lire sur le sujet!
-rencontrer des témoins de la forme de vie qui nous attire.
-lire le magistère sur le sujet et les écrits des papes pour la Journée Mondiale des Vocations.
-lire Vita Consécrata ( au moins!).
-faire un petit peu de droit canon et étudier l'histoire des états de vie consacrée.
-bien vérifier l'obéissance à l'Eglise dans les statuts, le mode de gouvernement, les constitutions...
-lire des vies de saints fondateurs.
-se laisser guider par l'Esprit Saint à travers les rencontres.

Souvent, une vocation passe par une attirance pour une famille spirituelle ou un attrait pour un type d'apostolat : diocèse, fondateurs de grandes familles spirituelles. Que l'on pense aux Franciscains, aux Dominicains...à tant d'autres. On constate que désormais, toutes les branches d'état de vie sont possibles au sein d'une même famille spirituelle : branche religieuse, sacerdotale, instituts séculiers, laïcs et familles associés...la grâce d'intercession du Ciel et des membres de la même famille spirituelle va guider progressivement vers le lieu de bonheur, d'épanouissement au service de l'Eglise, vers une fécondité ( qui passe par la Croix, ne l'oublions pas!).

Recapitulons : Jean-Paul II élargit les définitions, " tous sont consacrés par le baptême" mais il existe " des formes spécifiques de consécration".
La Sainte Famille, modèle de toute les vocations, présentation de Jésus au Temple, fête de la vie consacrée (2 février)
La Sainte Famille, modèle de toute les vocations, présentation de Jésus au Temple, fête de la vie consacrée (2 février)
"Tous les fidèles, en vertu de leur régénération dans le Christ, ont en commun la même dignité; tous sont appelés à la sainteté; tous participent à l'édification de l'unique Corps du Christ, chacun selon sa vocation et selon les dons reçus de l'Esprit (cf. Rm 12,3-8). L'égale dignité de tous les membres de l'Église est l'œuvre de l'Esprit, elle est fondée sur le Baptême et sur la Confirmation, et elle est corroborée par l'Eucharistie. Mais la pluralité est aussi l'œuvre de l'Esprit. C'est lui qui fait de l'Église une communion organique dans la diversité des vocations, des charismes et des ministères.

Les vocations à la vie laïque, au ministère ordonné et à la vie consacrée peuvent être considérées comme paradigmatiques, du moment que toutes les vocations particulières, d'une manière ou d'une autre, les rappellent ou s'y rattachent, prises séparément ou conjointement, selon la richesse du don de Dieu. En outre, elles sont au service l'une de l'autre, pour la croissance du Corps du Christ dans l'histoire et pour sa mission dans le monde. Dans l'Église, tous sont consacrés par le Baptême et par la Confirmation, mais le ministère ordonné et la vie consacrée supposent l'un et l'autre une vocation distincte et une forme spécifique de consécration, en vue d'une mission particulière.
 
   La mission des laïcs, à qui il appartient « de chercher le Royaume de Dieu en gérant les affaires temporelles et en les ordonnant selon Dieu »,a pour fondement propre la consécration du Baptême et de la Confirmation, commune à tous les membres du Peuple de Dieu. Les ministres ordonnés, en plus de cette consécration fondamentale, sont consacrés par l'Ordination pour poursuivre dans le temps le ministère apostolique. Les personnes consacrées, qui s'engagent dans les conseils évangéliques, reçoivent une consécration nouvelle et spéciale qui, sans être sacramentelle, les engage à adopter la forme de vie pratiquée personnellement par Jésus et proposée par Lui à ses disciples, dans le célibat, dans la pauvreté et dans l'obéissance. Même si ces différentes catégories sont la manifestation de l'unique mystère du Christ, les laïcs ont comme caractéristique propre, mais non exclusive, la sécularité, les pasteurs, la charge du ministère, les consacrés, la conformation spéciale au Christ chaste, pauvre et obéissant."
(31)


  

Elargissement de la notion par le droit canon : vie religieuse...une forme parmi d'autres formes de vie consacrée.
Ce paragraphe 31 de Vita Consecrata appelle une explication sur la Tri-partition utilisée ici par le Pape Saint Jean-Paul II. Le droit canon considère et harmonise la bi-partition suivante entre les fidèles : ceux qui sont ordonnés et les Laïcs. Il s'agit de la structure hiérarchique de l'Eglise, appelée bi-partition. Les Religieux qui ne sont pas prêtres sont donc " techniquement" des Laïcs. Les Consacrés religieux et les consacrés laïcs restent des laïcs du point de vue de la bi-partition.

Un autre point de vue complémentaire utilise une autre typologie des Fidèles baptisés : il s'agit de la tri-partition Prêtres, Laïcs, Consacrés. Cette tri-partition ne s'oppose pas à la bi-partition mais se situe sur un autre plan, celui de la sainteté en trois grands charismes : le charisme du sacerdoce, celui du laïcat au sens positif de sanctification des réalités temporelles et celui de la vie consacrée, laquelle recouvre les Consacrés Religieux ( qui ne font plus usage de la sécularité et se séparent du monde par des voeux qui impliquent la separatio mundi) et les Consacrés séculiers dont les liens sacrés n'impliquent pas de separatio mundi.

Tous les Consacrés ont en commun le Célibat pour le Royaume sanctionné par des liens sacrés différents selon le type de vie consacrée.  La Tri-partition permet de dire que la vie consacrée n'appartient pas à la structure hiérarchique de l'Eglise mais à sa sainteté. Le droit canon propose dans son article 207 une harmonisation de la bi-partition et de la tri-partition, ce qui permet de les dépasser sans les opposer et de tenir compte de l'infini variété des formes de vie consacrée inventée par l'Esprit Saint : autant de liens sacrés différents, autant de modalités variées pour vivre l'unique Modèle du Christ.
Can. 207 - § 1. Par institution divine, il y a dans l'Église, parmi les fidèles, les ministres sacrés qui en droit sont aussi appelés clercs, et les autres qui sont aussi appelés laïcs. 
§ 2. Il existe des fidèles appartenant à l'une et l'autre catégorie qui sont consacrés à Dieu à leur manière particulière par la profession des conseils évangéliques au moyen de voeux ou d'autres liens sacrés reconnus et approuvés par l'Église et qui concourent à la mission salvatrice de l'Église; leur état, même s'il ne concerne pas la structure hiérarchique de l'Église, appartient cependant à sa vie et à sa sainteté.      

 

Plus loin encore : vers le droit propre de chaque forme de "consécration particulière en vue d'une mission".
Enfin, il semble que l'évolution actuelle aille vers un approfondissement de la pluralité des formes de vie consacrée : plus qu'un " état" de vie, qui pourrait se fermer en une caste ou une modélisation obligatoire, au risque d'appauvrir les initiatives de l'Esprit Saint, l'approfondissement du droit propre permet d'élargir sans enfermer dans un modèle  pré-établi : le droit propre , le " proprium" de chaque forme de vie consacrée implique bien sûr une cohérence interne, une vérification, mais il permet en même temps une diversité qui répond mieux aux exigences de l'évangélisation contemporaine. Il permet d'échapper à deux écueils récurrents : des critères pré-établis pour entrer dans un modèle fermé , c'est le risque du retour à l'esprit de caste derrière le problème de " l'état" de vie, notion née en réalité de modèles civiles liés à une époque déterminée : sur le modèle de la société civile organisée en strates non communicantes, on obtient une caste de noblesse " spirituelle" basée non pas sur la sainteté mais sur des critères d'appartenance particulière et de perfection pré-définie.) Celui qui ne répond pas à un des critères est alors exclu de la caste, de l'état de perfection, et même de la sainteté.

Parler d'un état de vie consacrée comporte ce risque et l'amplifie : ne pas remplir tous les critères de cet état revient à ne pas correspondre à l'appel à la sainteté. Hors de cet état, pas de vie consacrée...ce qui revient à une négation de la grâce du baptême comme suffisante pour l'appel universel à la Sainteté. C'est pourquoi nous reprenons l'expression de Jean-Paul II dans Vita Consecrata au N. 31 comme un élargissement vers la notion du droit propre : " la consécration spécifique en vue d'une mission particulière" ne fait pas changer d'état de vie mais fait entrer dans une forme de vie chrétienne propre : selon le charisme spécifique reçu en vue d'une mission particulière, charisme discerné par l'Eglise et apte à devenir un droit propre. Comme le disait Hans urs Von Balthasar, l'Eglise ne doit pas avoir peur de la pluralité, tout en visant l'unité : " C'est ainsi que même dans un dogme déterminé, il peut y avoir toute la plénitude de la vérité, et dans un charisme déterminé toute la plénitude de la foi, de la charité, de l'espérance. Ce qu'on rencontre dans l'Origine, par ce que cela jaillit d'elle, ne peut être étranger à lui-même dans le pluralisme des perspectives et des missions. Cela se touche et se reconnaît dans les racines". ( Urs Von Balthasar, la Vérité est Symphonique, Parole et Silence, p 62-63)

C'est la raison pour laquelle il nous semble vital de ne pas revenir à la notion d'état que Vatican II a abandonné en ré-affermissant l'appel universel à la sainteté, mais de développer le droit propre de chaque forme de vie chrétienne- consacrée au sens de la consécration au Christ par le baptême- comme un déploiement de cette racine/source unique qu'est précisément la grâce baptismale.