Stjoweb
For interne/externe : distinguer pour mieux coordonner...notre rubrique ne saurait être utilisée pour accuser nommément et sans nuances aucun mouvement, aucune communauté, et encore moins celles qui justement ont fait avancer canoniquement la réflexion sur le sujet et que l'on retrouve bizarrement mises dans le même sac par des " accusateurs/polémiqueurs" mal informés. Le rôle de juger sur pièce revient à d'autres. Notre rubrique veut offrir un espace libre de réflexion et de confiance dans l'Eglise.
Il est en nous un " jugement de la conscience" qui nous protège des gourous, des intrusions d'autrui dans notre liberté de conscience, des erreurs de jugement....Cette conscience se trouve en tout être humain et fait partie de sa très haute dignité, quelle que soit la religion ou les idées de chacun, le fond de l'être se détermine en fonction de sa conscience personnelle. Une notion indispensable pour garder liberté, autonomie, dignité, force dans l'adversité, et préserver le droit de chacun.
Quand un chrétien se trouve face à un conflit dans ou en dehors de l'Eglise, c'est sa conscience qui doit lui servir de guide. Il prendra conseil, éclairera cette conscience mais en ultime décision, seule sa conscience personnelle lui intimera la décision finale. Toute tentative de contrôle de la conscience d'autrui est un viol de l'âme, une très grave infraction à la loi de Dieu inscrite en chacun et celui qui s'immisce dans une conscience pour la déformer, la contrôler, commet un crime. C'est ce que font les gourous par nature. Quand ils rencontrent des consciences formées et qui leur résistent, ils sont obligés de reculer et de lâcher prise. Une conscience claire et forte est ce qu'ils redoutent le plus. cela est dû au fait que, selon l'expression du cardinal Newman, grand apôtre de la conscience, " la conscience est le premier de tous les vicaires du Christ". Cette extra-ordinaire affirmation donne le pas à la conscience sur les vicaires humains, y compris le Pape. bien sûr, Newman n'oppose en rien le magistère, fait pour éclairer la conscience, et la conscience personnelle. Mais il pose un principe primordiale : la conscience est le sanctuaire où l'homme est seul avec Dieu, l'homme ne peut jamais abdiquer sa conscience entre les mains d'un autre, qu'il soit accompagnateur spirituel, confesseur, cardinal ou pape, car en tant qu'homme, l'autre devra lui aussi répondre dans ce même sanctuaire de la droiture de sa conscience. Le travail du cardinal Newman sur ce sujet vital a été repris et élevé au rang de doctrine catholique par le concile Vatican II et par le catéchisme qui cite Newman au N°1778.
Le rôle d'un accompagnateur spirituel va être de fortifier cette conscience et de lui donner les moyens de se former, de résister aux tentatives d'aliénation, et aux tentations. La déformation du gourou ou du manipulateur va être de changer le mode d'autorité de la conscience pour prendre la place de Dieu dans la relation, c'est-à-dire se faire la référence absolue sous des masques divers. le premier sera de donner le primat à la personne elle-même face à Dieu, en lui faisant croire qu'elle est indépendante de la voix de sa conscience- cette étape est souvent perversement nommée " éveil" de soi, et recèle un processus de rupture avec l'objectivité de la conscience, remplacée par le subjectivisme et la tentation de devenir à soi-même sa propre loi : la voix de la conscience est psychologisée, étouffée, relativisée, remplacée...pour que le gourou puisse contrôler la personne avec son aval. Le gourou formule des lois à son profit et contraires à l'Evangile, au bon droit, au bon sens.
Dieu lui-même n'intervient pas contre notre conscience, car Il sait qu'elle sera notre rempart contre le mal en ultime étape. C'est ainsi qu'on assiste à des " retournement de conscience" qui sont en réalité la manifestation finale du fait que l'homme ne peut étouffer définitivement en lui sa conscience, car cette voix n'est pas celle de son " selfisme" mais celle de Dieu en lui. Cette alliée puissante de la vérité est aussi la gardienne de la liberté ultime de l'homme. l'Eglise, le magistère pontifical, ne peut en rien formuler des lois de son invention et qui iraient à l'encontre de la conscience, de l'Evangile, de la Parole divine. Ainsi, même si dans son célèbre toast porté au pape mais à la conscience d'abord, Newman sait que le pape ne peut se mettre en contradiction avec ce qui éclaire la conscience !
Dans la Lettre au duc de Norfolk, Newman conclut ses déclarations sur la conscience avec le toast souvent cité : « Si, après un dîner, j’étais obligé de porter un toast religieux - ce qui évidemment ne se fait pas -, je boirais à la santé du pape, croyez-le bien, mais à la conscience d’abord, et ensuite au pape »[20]. Ces mots que Newman a formulés avec un clin d’œil, signifient avant tout que notre obéissance au pape n’est pas une obéissance aveugle, mais une obéissance soutenue par une conscience croyante. Celui qui a accepté dans la foi la mission du pape, lui obéira aussi par conviction de conscience intérieure. Sur ce point, la conscience vient effectivement d’abord, la conscience éclairée par la foi, et ensuite le pape. Cf site des amis de Newman